17 novembre 2007
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20:01
Un oranger, sur le sol irlandais, on ne le verra jamais.
Encore moins aujourd’hui d’ailleurs. Sous cette pluie battante.
J’étais beau, avec mon poncho.
La rime est pauvre, elle fait la maligne mais, vraiment, cela aurait mérité une photo.
Imaginez plutôt.
Il est 18h, c’est l’hiver.
Il fait noir.
Il pleut.
Ca fait du bruit, ça sent le chien mouillé.
C’est le bon Dieu qui pleure.
Et sous cette cascade de gouttes, me voilà qui arrive.
Poncho sur les épaules, épaules sous le poncho.
Un de ces trucs bleus fluo, avec les pressions en plastoc.
Je titube entre les flaques, esquive une branche à droite, slalome entre les larmes.
Mais rien n’y fait. Je suis trempé. Aussi les ingénieurs ponchos n’avaient-ils pas anticipé le fait que l’eau, ça coule. Après que la première goutte ne se soit écrasée sur ma capuche, je l’ai donc senti glisser lentement jusqu’à mon oreille, puis un peu plus bas, puis plus bas encore. Là où, entre deux pressions, elle s’est faufilée. Puis d’autres.
Puis voilà. Je suis trempé, quoi. Cool.
Mais ça n’est pas tout. Si j’étais sous la pluie à cette heure tardive, c’était pour la bonne cause. Figurez-vous que j’allais nourrir mes deux cochonous (c’est le bon saucisson, comme on aime chez nous). Car même le samedi soir, quand il pleut, ils veulent se goinfrer. Si seulement ils savaient que, par là, c’est nous qu’ils vont bientôt nourrir… J’ai bien tenté de leur expliquer, mais ils ne veulent pas comprendre.
Les environs étaient plutôt du genre boueux, l’aspect étanche de mes bottes plutôt du genre douteux. Je vous laisse imaginer l’état de mes chaussettes. Et de mes orteils, plus fripés encore que ceux d’une vieille qu’on aurait oublié dans la baignoire.
Bref, y drache.
Alors j’en ai profité pour faire un détour par la grande maison, histoire d’ajouter quelques lignes à mon blog. Et je m’en viens d’ailleurs vous raconter un truc.
Figurez-vous que lorsque l’on est millionnaire on a beaucoup d’amis.
A la maison défile donc une tripotée d’invités, en provenance des quatre coins du monde.
J’ai eu le plaisir de discuter avec quelques uns d’entre eux. Quelques rencontres incroyables, de gens à la vie toute aussi incroyable. Un pilote de l’armée américaine, des hommes d’affaires, des champions de rallyes, et même… un chanteur. Une star irlandaise venue tourner un de ses clips dans les jardins de Mearescourt. Heureusement, je venais de ramasser les feuilles.
Le week-end dernier, 21 personnes dormaient ici. Des jeunes, des vieux, des beaux et des laids, mais pas de pauvres. La cour se transforme alors en salon de l’automobile. Les pin-up en moins ? Détrompez-vous, quand on est millionnaire, on a aussi de ravissantes amies.
Ainsi coule la vie par ici, entre les paillettes, les dindes, et la gadoue.